- ébahir
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• v. 1150; de é- et a. fr. baer, var. de bayer♦ Frapper d'un grand étonnement. ⇒ abasourdir, étonner, stupéfier. Voilà une nouvelle qui m'ébahit.♢ Pronom. S'étonner au plus haut point. « S'ébahir d'être tour à tour populaire et impopulaire » (Hugo).♢ P. p. adj. « Je tombais des nues, j'étais ébahi » (Rousseau). ⇒ ahuri, fam. 1. baba, ébaubi, 1. interdit, stupéfait.Synonymes :- épater (familier)- estomaquer (familier)- étonner- sidérer (familier)- stupéfierébahirv. tr. Frapper d'étonnement. Sa performance nous a ébahis.|| v. Pron. S'étonner.⇒ÉBAHIR, verbe trans.A.— Rare. Ébahir qqn. Frapper d'un grand étonnement. Synon. abasourdir, épater, étonner. Nous allons les éblouir : nous leur réciterons des vers de ce poète dont vous avez toujours un exemplaire dans votre poche (...) ça les ébahira (RENARD, Comédies, Vernet, 1904, II, 2, p. 253).— Gén. au passif. Être ébahi de, par qqc. :• 1. Que vous vous arrêtiez en effet devant la merveilleuse eau-forte de Bracquemond (...) comme devant certains poèmes de Baudelaire, (...) vous demeurez remué jusqu'aux entrailles, pris au charme de je ne sais quelle voix de sirène, au fond déconcerté, ébahi par cet art d'écrire ses plus subtiles évocations qui franchit les limites de la peinture...J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 67.B.— Usuel. S'ébahir.1. Employé absol. Il s'ébahissait : — Pas possible!... Ah bah!... En vérité?... pas de chance au bilboquet! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., 9, p. 203). Les nigauds s'ébahissent, béant d'admiration (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, t. 2, 1943, p. 259) :• 2. ... à mesure qu'ils en [du palais] approchoient, le vieux et la vieille s'ébahissoient de plus en plus, et Trésor des Fèves auroit craint de troubler leur joie.NODIER, Trésor des Fèves et Fleur des Pois, 1833, p. 57.2. En constr. prép. S'étonner, manifester un grand étonnement.a) S'ébahir à + subj. ou inf. L'amour à la Werther qui s'ébahit d'aise à regarder une Lolotte beurrant des confitures à des marmots d'enfants (BARB. D'AUREV., Mémor., 1, 1838, p. 55). Pour m'ébahir au torrent qui tonnait au-dessus de moi, ou aux vapeurs de la tempête qui s'amoncelaient à mes pieds (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 511).b) S'ébahir de. Dans le métier de philosophe, il est essentiel de ne pas comprendre. Il leur faut tomber de quelque astre, se faire d'éternels étrangers. Ils doivent s'exercer à s'ébahir des choses les plus communes (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 26).— S'ébahir de + inf. ou (de ce) que. Tous ces gens s'ébahissent de voir passer cet équipage de fous (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 287). Je m'étais souvent ébahie que Nadine se donnât si aisément à des inconnus (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 72).c) S'ébahir devant. Nous nous ébahissions devant l'acte de pitié de ces magistrats excusant une pauvre mère (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 189).d) S'ébahir sur. Nous nous ébahissons longuement sur la présence en ce lieu saint de ce bazar à dix-neuf sous (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 44).Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi adj. du part. prés. Une femme relevant son baby tombé qui est une ébahissante surprise de réalité et d'élégance (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 221).Prononc. et Orth. :[
], (j')ébahis [ebai]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. intrans. « être frappé de stupeur » [stupebam] (Ps. Cambr. 76, 4 ds T.-L. : Je esbahisseie e si me parlowe). Composé de l'a. fr. baer (anc. forme de bayer) avec changement de conjugaison sous l'infl. de l'adj. a. fr. baïf « étonné » (v. baliveau); préf. é-. Fréq. abs. littér. : 58. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 414.
ébahir [ebaiʀ] v. tr.ÉTYM. Av. 1150, esbahir; de l'anc. franç. baer (→ Bayer), cf. anc. adj. baïf « ébahi », même époque.❖♦ Frapper d'un grand étonnement. ⇒ Abasourdir, ébaubir, épater, étonner, stupéfier. || Il m'a ébahi par ses raisonnements (Académie). || Voilà une nouvelle qui m'ébahit. — (Souvent au passif). || Il en a été ébahi, complètement ébahi.——————s'ébahir v. pron. (Réfl.).♦ S'étonner au plus haut point. || S'ébahir de quelque chose, d'un spectacle, à la vue d'un spectacle. ⇒ Émerveiller (s'); → tomber des nues, ouvrir de grands yeux. || S'ébahir devant, sur qqch. — Vieilli. || S'ébahir à qqch. — ☑ Loc. S'ébahir d'aise.1 Il n'y a pas jusqu'à mes firmans que je ne me plaise à dérouler : j'en touche avec plaisir le vélin, j'en suis l'élégante calligraphie et je m'ébahis à la pompe du style.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 381.2 Le penseur militant ne doit pas plus s'ébahir d'être tour à tour populaire et impopulaire que le marin d'être tour à tour sec et mouillé.Hugo, Post-Scriptum de ma vie, Tas de pierres, IV.3 L'Andante scherzando (de la 8e symphonie) est une de ces productions auxquelles on ne peut trouver ni modèle ni pendant; cela tombe du ciel tout entier dans la pensée de l'artiste; il l'écrit tout d'un trait et nous nous ébahissons à l'entendre.Berlioz, Beethoven, p. 57.——————ébahi, ie p. p. adj.♦ (Plus cour.). Qui est très étonné. ⇒ Abasourdi, ahuri, baba (fam.), ébaubi, éberlué, émerveillé, épaté (fam.), étonné, interdit, stupéfait, surpris. || Je suis ébahi d'apprendre cela, d'apprendre que… || J'en suis resté tout ébahi.4 Je tombais des nues, j'étais ébahi, je ne savais que dire, je ne trouvais pas un mot.Rousseau, les Confessions, IX.♦ Qui exprime un grand étonnement. || Air, visage ébahi.❖DÉR. Ébahissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.